mercredi 22 mai 2013

Faire et défaire...

Quand j'ai commencé ce blog, je voulais garder la mémoire de ce que fabriquais de mes blanches mains. Partager les sources trouvées -il y a tellement de blogs de tricot et de couture avec des modèles ou des tutos sympas, voire source d'inspiration- mais aussi frimer un peu, je dois le dire...


J'étais dans une impasse professionnelle, j'avais besoin de montrer ce que je faisais, de me rassurer quelque part, me dire que je savais faire des choses qui pouvaient être reconnues par d'autres, alors qu'au travail, c'est ce qui me faisait le plus défaut. Mais en couture comme au travail, impossible d'intégrer réellement les échos positifs, tant j'étais focalisée sur les paroles dévastatrices d'une seule personne...


"Faire et défaire" s'est imposé tout seul. Je ne connaissais cette expression que depuis quelques années, mais elle m'a accompagnée lors de mes séances de couture. Je suis parfois souvent trop impatiente, or la couture un peu fine requiert de s'appliquer et de faire les choses dans l'ordre, et posément. Combien de temps ai-je perdu en décousant une sangle, une doublure, une emmanchure mal posée à cause de ma précipitation! 

Jolie photo par elitatt (flickr - licence CC)


Pour le tricot c'est pareil. J'ai appris à préférer défaire quelques rangs pour que tout tombe juste. Car je SAIS, moi, où est l'erreur. Je la vois. "Faire et défaire, c'est toujours travailler", ça console du temps perdu, et on se dit qu'on avance tant bien que mal, même si sur le coup on a l'impression de reculer.


Ça fait onze mois que je n'ai pas mis les pieds à mon travail. Et 5 ans de souffrance que j'ai préféré minimiser, et qui a fini par exploser. 

Maintenant que je vais mieux, que je retrouve le goût des choses, que j'ai envie d'un autre métier (non, deux, en vrai : l'un est un choix raisonnable et passionnant, l'autre est mon rêve, qui mûrit, avant de réaliser... Un jour... J'ai le temps...), je me dis que cette consolante maxime m'a accompagnée tout au long de cette descente, et de la remontée.


J'ai fait et défait ma vie, fait et défait mes relations familiales, fait et défait ma personnalité, mes goûts, mes envies, mon image de moi. Tout était détruit, il a fallu tout défaire, tout détricoter, tout découdre... Le seul élément tangible, inaliénable, inaltérable, était l'amour que je porte à mes enfants. C'est la seule chose qui m'ait permis de ne pas lâcher prise définitivement. Je n'étais même plus capable de voir le reste. Je n'existais plus. Bien sûr, tout était dans ma tête, en général j'ai fait bonne figure en public, parfois ça m'a fait du bien, et d'autres fois, plus rares, c'était trop dur.


Bizarrement le tricot m'a beaucoup accompagnée pendant cette période. Je n'avais qu'une envie, c'était d'être seule et de tricoter. Le tricot c'est régulier, c'est logique, c'est concret, c'est précis, et si parfois je dois défaire pour refaire, j'arrive toujours à terminer mon ouvrage. Je maîtrise.



Photo jolie par mararie (flickr - licence CC)

Maintenant je reconstruis. Je refais, sur de nouvelles bases, mes bases. Ma vie, qui je suis, ce que j'aime, ceux que j'aime. J'ai détricoté ma pelote intérieure, identifié les trous et les erreurs, les mailles manquantes ou sautées, j'ai compris comment se montait l'ouvrage, ses difficultés et ses défis, je peux voir que le travail est intéressant et que le résultat sera beau, pour peu que j'aie de la patience et que j'y travaille régulièrement. 


Faire et défaire et refaire, c'est toujours travailler. Et moi, ces derniers mois, j'ai beaucoup travaillé, et je vais continuer.

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